Tonte ou couverture : comment raisonner selon le mode de vie du cheval 

Chaque automne, le débat revient dans les écuries : faut-il tondre, couvrir, ou laisser le cheval s’adapter naturellement ? 
La réponse n’est jamais la même, car chaque cheval vit, travaille et réagit différemment
Comprendre le fonctionnement de la thermorégulation, observer son cheval et adapter les choix au cas par cas, voilà la clé d’un hiver géré avec bon sens. 

Comprendre comment le cheval régule sa température 

Le cheval est un animal homéotherme : il maintient sa température corporelle autour de 37,5 °C, quelles que soient les conditions extérieures.
Cette régulation repose sur plusieurs mécanismes physiologiques complémentaires :

  • La piloérection : les poils se redressent pour emprisonner une fine couche d’air isolante, qui limite les pertes thermiques.
  • La vasoconstriction périphérique : la circulation sanguine diminue à la surface de la peau, préservant la chaleur corporelle.
  • L’augmentation du métabolisme de base : la digestion des fibres génère de la chaleur interne, contribuant au maintien de la température.

Des études* montrent qu’un cheval adulte en bonne santé, bien nourri et acclimaté, peut tolérer des températures allant jusqu’à –10 à –15 °C, à condition d’être sec, à l’abri du vent et libre de ses mouvements. Ce ne sont donc pas les basses températures en elles-mêmes qui posent problème, mais l’humidité, le vent et l’inactivité prolongée, qui perturbent les échanges thermiques.

L’effet de la tonte sur la thermorégulation 

La tonte n’est pas un geste esthétique : c’est une aide ponctuelle à la récupération pour les chevaux qui transpirent beaucoup. 
En supprimant une partie du poil protecteur, on facilite le séchage après l’effort, mais on réduit aussi la capacité du cheval à se protéger du froid et de la pluie. 
L’IFCE rappelle qu’un cheval tondu perd jusqu’à 30 % de sa capacité d’isolation naturelle
Une tonte n’a donc de sens que si elle correspond à une activité régulière et encadrée, et si l’on compense cette perte par un système de couvertures adapté. 

Plus la tonte est importante (complète, chasse, Irlandaise…), plus la protection thermique doit être renforcée. 
À l’inverse, un cheval peu ou pas travaillé ne retire aucun bénéfice d’une tonte : son poil long agit comme une couverture naturelle ajustée en temps réel. 

Couvrir : une aide, pas une solution par défaut 

Couvrir n’est pas une obligation, mais une adaptation aux conditions de vie. 
Un cheval vivant dehors, tondu ou très âgé, peut avoir besoin d’une couverture imperméable et respirante, mais un cheval rustique vivant en troupeau s’en passe souvent très bien. Il est recommandé de couvrir uniquement lorsque le cheval montre des signes de froid persistants : poil hérissé, perte d’état, frissons, ou refus de s’éloigner de l’abri. 

Les paramètres à prendre en compte sont multiples : 

  • le logement (box, paddock, prairie), 
  • l’âge et la condition physique
  • l’état de la tonte
  • et le niveau d’activité

Un cheval âgé ou convalescent a plus de mal à maintenir sa température corporelle. 
Un jeune cheval tondu et travaillant régulièrement a besoin d’un système de couverture modulable (par exemple une couverture extérieure et un liner ajustable selon la météo). 
Un cheval non tondu, vivant au pré avec abri et ration suffisante, régule naturellement sa chaleur grâce à son poil et à l’ingestion de fibres. 

Grammage, imperméabilité, entretien : trouver le bon équilibre 

Sans entrer dans un guide technique, quelques repères simples permettent de raisonner le choix : 

  • Le grammage correspond à la quantité d’isolant : plus il est élevé, plus la couverture est chaude. 
  • Le denier (ex. 600D, 1200D) indique la résistance du tissu. 
    Un modèle de 1200D est plus robuste pour une vie en extérieur, mais inutile sur un cheval de box. 

Il est préférable d’avoir plusieurs couvertures complémentaires qu’une seule très chaude. 
Un système modulable (chemise séchante, sous-couverture, couverture imperméable) permet d’ajuster selon la météo et l’activité. 
C’est l’association entre respirabilité, isolation et confort de port qui fait la différence, plus que la puissance thermique en elle-même. 

Une couverture mal entretenue devient rapidement contre-productive : la transpiration et la poussière saturent les fibres, diminuant la respirabilité et favorisant les irritations. 
Un lavage complet en fin de saison et un séchage intégral avant stockage sont indispensables. 

Observer et ajuster : le cheval, meilleur indicateur 

Aucune formule ne remplace l’observation quotidienne. 
Un cheval bien dans son corps est mobile, attentif, sans frisson ni poil collé. 
Sous la couverture, le poil doit rester sec et tiède, jamais humide. 
Un cheval qui transpire légèrement en statique est trop couvert ; un cheval raide ou contracté au paddock est trop exposé. 
Les besoins varient aussi selon les races : un Irish Cob ou un Fjord n’aura jamais la même tolérance qu’un pur-sang. 

L’entretien du poil joue aussi un rôle clé : un brossage régulier stimule la circulation et améliore l’efficacité de la piloérection. 
Le confort thermique dépend autant de la qualité de la couverture que du bon fonctionnement du poil et de la peau. 

Astuce d’expert Terres & Eaux 

Avant de poser une couverture, demandez-vous si vous le faites pour le confort du cheval ou votre propre confort visuel
Un cheval un peu boueux, au poil long et épais, n’est pas un cheval mal entretenu — c’est souvent un cheval bien adapté. 

Conclusion 

La tonte et la couverture ne sont pas des choix opposés, mais des outils d’adaptation. 
L’objectif n’est pas d’imposer un modèle unique, mais de respecter la physiologie de chaque cheval, en tenant compte de son âge, de sa condition, de sa vie au quotidien et de son niveau d’activité. 
Observer, ajuster, entretenir : trois gestes simples qui garantissent un hiver serein, sans excès ni négligence. 

  • Cymbaluk NF & Christison GI. Environmental effects on thermoregulation and nutrition of horses. Veterinary Clinics of North America: Equine Practice, 6(2):355-72, 1990 — PubMed
  • Mejdell CM et al. Caring for the horse in a cold climate – Reviewing equine thermoregulation in winter conditions. Applied Animal Behaviour Science, 2020 — ScienceDirect

Retour en haut