L’automne marque, pour de nombreux chevaux, le retour progressif vers un mode de vie plus sédentaire. Après plusieurs mois passés au pré, riches en mouvement et en herbe fraîche, le passage au box représente une rupture brutale dans leur quotidien. Moins d’espace, moins d’air, une alimentation différente : autant de facteurs qui fragilisent la santé des équidés si la transition n’est pas correctement accompagnée. Pour les cavaliers et propriétaires, l’enjeu est double : prévenir les risques sanitaires liés à l’hébergement et réussir la transition alimentaire pour maintenir forme et performance.
Les risques sanitaires liés au confinement en box
Le retour au box est souvent associé à l’apparition de pathologies spécifiques. Les chevaux, moins mobiles et plus exposés à la poussière, deviennent vulnérables à certaines affections.
Affections respiratoires : un risque sous-estimé
Le box est un milieu confiné où s’accumulent poussières, spores et ammoniac provenant de l’urine. Ces éléments irritent les voies respiratoires et favorisent l’apparition de toux chroniques, d’hypersensibilités ou de crises d’emphysème. Les chevaux sensibles peuvent voir leurs performances rapidement diminuer si l’air n’est pas renouvelé régulièrement. Une bonne ventilation et un choix judicieux de litière (copeaux dépoussiérés, lin, pellets) sont essentiels pour limiter ce risque.
Problèmes digestifs : coliques et ulcères
La modification de la ration et la baisse d’activité perturbent le transit intestinal. Les coliques dites de stase ou de fermentation sont fréquentes à cette période. De plus, les chevaux confinés au box développent parfois des comportements stéréotypés (tic à l’appui, tic à l’air), souvent corrélés à des ulcères gastriques. Ces pathologies résultent d’un déséquilibre entre le rythme naturel du cheval – manger de petites quantités en continu – et l’organisation imposée en écurie.
Fragilité des pieds et atteintes cutanées
L’humidité du sol, combinée à un manque de mouvement, fragilise la corne. Les abcès et pourritures de fourchette deviennent plus fréquents. Par ailleurs, les chevaux tondus ou sans couverture peuvent développer gale de boue ou crevasses lors des sorties en paddock humide. Ces affections cutanées, souvent bénignes au départ, nécessitent une vigilance quotidienne pour éviter les complications.
Adapter l’alimentation : la clé d’une transition réussie
La gestion alimentaire constitue sans doute le défi majeur du retour au box. Un cheval qui passe de l’herbe à une ration composée de foin et de concentrés subit un changement physiologique important.
Passer de l’herbe au foin : une étape progressive
L’herbe fraîche, riche en eau et en fibres, cède sa place au foin, plus sec et plus concentré. Pour éviter les troubles digestifs, la transition doit s’effectuer sur une dizaine de jours minimum. Mélanger progressivement herbe et foin, puis augmenter la part de ce dernier, permet à la flore intestinale de s’adapter.
Gérer les concentrés avec discernement
L’apport d’orge, d’avoine ou d’aliments complets doit tenir compte du niveau de travail. Un cheval au repos complet ne doit pas recevoir la même ration qu’un cheval de sport en pleine reprise. Le surplus énergétique chez un cheval peu actif entraîne surpoids et nervosité, tandis qu’un apport insuffisant chez un cheval en entraînement provoque fonte musculaire et baisse de forme.
Compléments alimentaires : soutien ciblé
- Vitamines et minéraux : indispensables lorsque le foin provient de parcelles pauvres.
- Probiotiques : utiles pour stabiliser la flore digestive lors de la transition.
- Cures de drainage : aident le foie et les reins à éliminer les toxines après l’été au pré.
Hygiène et organisation au quotidien
L’alimentation ne suffit pas : l’environnement doit être pensé pour réduire les risques sanitaires.
- Foin de qualité : privilégier le foin dépoussiéré ou distribué humide pour limiter les poussières.
- Fractionnement des repas : multiplier les distributions de foin pour imiter le rythme naturel du cheval.
- Eau propre et disponible : un cheval boit en moyenne 20 à 40 litres par jour ; une eau tiède en hiver encourage l’hydratation.
- Sorties quotidiennes : paddock ou marcheur pour compenser l’inactivité et préserver le moral.
- Surveillance accrue : poids, état des crottins, appétit et attitude doivent être suivis attentivement chaque jour.
Exemple pratique : gérer un cheval de sport en reprise
Prenons l’exemple d’un cheval de CSO qui a passé l’été au pré. À son retour au box, il reprend progressivement l’entraînement.
- Semaine 1 : transition alimentaire vers foin sec + petites quantités de concentrés, sorties au pas en main.
- Semaine 2 : introduction de séances légères de longe, augmentation de la ration énergétique.
- Semaine 3–4 : alternance de travail monté et de repos actif, intégration de compléments pour soutenir la récupération musculaire.
Ce protocole progressif permet d’éviter les coliques, de préserver la masse musculaire et de préparer sereinement la saison sportive.
Conclusion
Le retour au box n’est jamais anodin. Entre confinement, changements alimentaires et risques sanitaires accrus, il impose au cavalier une vigilance redoublée. Anticiper les pathologies respiratoires, soigner la transition alimentaire et maintenir une hygiène rigoureuse sont les trois clés d’une adaptation réussie. En accompagnant cette étape avec méthode, vous assurez à votre cheval confort, santé et disponibilité pour la saison à venir.
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